mercredi 28 janvier 2009

ÎLE DES ELEPHANTS : latitude plaisir, longitude glandouille

Écrit le mercredi 28 janvier 2009 by Cécile


Cet article ne devrait pas être.
Sur ordre du C.S.A (Conseil Supérieur de l’Acceptable), il a été initialement décidé que ce texte serait entièrement censuré afin de ne pas outrepasser l’irrecevable et de préserver votre moral. Mais voilà… le silence serait encore plus redoutable et votre curiosité indomptable.
Avis donc à tous :
- citadins usés par la rengaine «métro-boulot-dodo » répétée,
- étudiants stressés par des partiels tardivement préparés,
- artistes écoeurés par une actualité artistique lobotomisée,
- travailleurs angoissés par des fins de mois indéterminées,
- chefs d’entreprises harassés par des charges patronales exagérées,
- et enfin, famille, amis et proches esseulés par un blog temporairement non alimenté…
cet article peut heurter votre sensibilité fébrile et vous conduire tout droit dans une déprime indescriptible. Il est encore temps pour vous de refermer cette page et de bannir à jamais ce blog qui risquerait de vous faire perdre la tête, la boule, le Nord et pire encore.

Lors de notre dernière et lointaine connexion, nous vous avions informé de notre projet d’accoster sur une île déserte, loin des villes bruyantes et des plages du sud infestées de touristes. D’après le peu d’informations dont nous disposions sur cette île, l’abordage semblait tenir plus du récit de Robinson Crusoé que des vacances à Porquerolles ou l’île de Ré un 15 août.

Après 6h de bus pour rejoindre Ranong depuis Phuket Town, et avoir traversé un paysage d’une verdure abondante et luxuriante, notre excitation d’approcher enfin la mer était à son comble.
(Au passage, petit aparté pour faire un commentaire sur les transports en bus nationaux. Le fonctionnement des compagnies thaïlandaises est étrangement analogue à celui de notre bonne vieille SNCF. Ça ne leur aucun problèmes de vendre des tickets au-delà des places disponibles. Faire 6h de bus, debout dans l’allée centrale est tout aussi désagréable que de s’entasser dans les espaces inter-wagon des trains français un retour de vacances de noël. Heureusement pour nous, nous sommes montés dans le bus au départ et avons eu la chance de trouver des places assises. En revanche, pour les infortunés, le voyage a dû être long et pénible… mais dans tous les cas, les thaïs gardent le sourire (là aussi notre réputation internationale d’être des râleurs inconditionnels en prend un coup !)

Nous savions que pour rejoindre notre petite île, seulement deux traversées par jour avaient lieu (9h et 14h). Seulement notre bus avait du retard et au lieu d’arriver à 13h30, nous avons été déposés à l’entrée de la ville à 14h. Mais la Thaïlande est un pays où tout est possible et où il ne faut jamais perdre espoir (et Pierro semble avoir bien assimilé cette philosophie !!!). À peine suis-je descendue du bus, que Pierre a déjà trouvé un taxi qui nous conduit directement à l’embarcadère et qui, en prime, contacte le bateau pour lui demander de nous attendre. Nous avons même le temps de passer à un guichet retirer de l’argent car sur l’île il n’y a pas de banques. Nous montons alors à bord d’une espèce de chaloupe baptisée « welcome Koh Chang » (du nom de notre île) sur laquelle nous nous débarrassons définitivement de notre fatigue et de nos tensions dues aux nombreuses heures de transport depuis Chiang Mai (et pour ma part, du petit coup de blues qui me tenait depuis deux jours). Notre bateau file alors droit vers l’océan et devant nous défile tout un archipel d’îlots à la végétation débordante (on se croirait presque dans le golfe du Morbihan). Quelques chalutiers chargés à ras bord naviguent dans la même direction. Par contre, je suis très surprise de n’apercevoir aucun voilier au large. Quel dommage dans un si beau paysage ! J’en connais un qui aurait été heureux de naviguer dans ces eaux !


Après une demi-heure de trajet, nous accostons sur la première plage. Pas de ponton, il faut relever le pantalon et sauter dans l’eau. Là, on nous explique que les différents endroits de l’île ne sont accessibles que par bateaux. Comme nous ne savons pas encore vers quel hôtel nous diriger, nous choisissons de débarquer sur la seconde plage, qui s’étend sur une bonne partie de la côte Ouest de l’île. La plage est quasi déserte et tout du long des bungalows se fondent dans la forêt qui borde la plage.

Attention dernier rappel : il est encore temps de fermer cette page. La suite est paradisiaque et la lecture peut provoquer des effets secondaires indésirables !






Nous nous adressons à la première réception que nous trouvons, celle du Longbeach Bungalow. La gérante nous propose deux styles de bungalows : soit directement sur la plage, soit un peu plus en retrait. Nous choisissons la deuxième offre, moins chère (seulement 4 euros/nuit le bungalow). En fait, il n’y a pas grande différence entre la première et la deuxième offre. Notre bungalow se situe à 10m de la plage avec une vue imprenable sur la mer (oula.. ça fait très réclame immobilière mon truc là !!!). Il est juste moins classe que ceux un peu plus bas, mais son confort nous convient très bien : petite terrasse avec hamac, chambre avec un lit double et moustiquaire et une petite salle de bain privative.





À peine nos sacs déposés, nous enfilons nos maillots de bain et courons tout droit dans l’eau. Nous passons alors le reste de l’après-midi à bouquiner et flâner sur la plage (pour ma part), ou à faire une petite sieste
à l’ombre dans le hamac (pour Pierre). Le lieu est évidemment sublime : la plage est bordée de palmiers et il n’y a presque pas un bruit : pas d’hôtels en béton juste des bungalows en bois. Pas de taxi ou de tchuk-tchuk à vous interpeller toutes les 5 minutes. Pas de fils électriques, juste quelques panneaux solaires qui alimentent les bungalows uniquement le soir. Nous sommes dans un véritable Eden où la nature s’offre à nous.
En début de soirée nous décidons d’aller dîner au resto de la réception. Et là nous découvrons une organisation tout à fait étonnante mais très plaisante. Tout d’abord, le rythme sur l’île est encore plus lent que dans le reste du pays. Il ne s’agit pas du « Thaï way of life » traditionnel dont nous avons déjà fait mention précédemment, mais du « Slow Thaï way of life » dans toute sa splendeur. Pour une simple citronnade, comptez 15 minutes, pour un plat, 25 minutes. La patronne nous explique le fonctionnement de l’établissement : pour chaque bungalow, un petit carnet du même numéro est attribué, dans lequel nous devons noter nous-mêmes nos consommations. Le paiement s’effectue au moment de notre départ définitif. Une sorte de congélateur rempli de boissons fraîches est également à notre disposition. Si l’on se sert dedans (à n’importe quelle heure de la journée ou du soir) il convient de le noter dans le fameux carnet. Ici, tout est basé sur la confiance (ça me rappelle un certain fournil à pain bio « copain-gallopain » à Quily où le fonctionnement est le même). De toutes les façons, ils n’ont pas trop de craintes à avoir sur le truandage : il est impossible de quitter l’île sans emprunter le bateau qui appartient à un autre membre de la famille ! D’autre part, une bibliothèque est à disposition des vacanciers. Elle se constitue au fur et à mesure des visites. Chacun peut y laisser un livre et en emprunter un autre. On trouve alors des livres dans toutes les langues, traces des précédents locataires. Dans cet endroit, se dégage une ambiance très communautaire, vestige d’une époque soixante-huitarde !



Après le repas, et alors que la nuit est déjà tombée (et oui… même si les températures dépassent la barre des 30° en journée, il ne faut pas oublier que nous sommes en hiver et que les journées sont courtes. Il fait nuit à partir de 18h) nous décidons de nous promener le long de la plage. Tout du long, des huttes s’illuminent de lampions et quelques feux de plages sont allumés autour desquels on peut se retrouver et apprécier une bière fraîche. Rassasiés par tant de beauté et de sérénité, nous nous endormons au son du clapotis des vagues et du frémissement des feuilles dans notre petite cahute.

LES JOURS SUIVANTS…

Nul besoin de décrire chaque journée passée ici, tant notre emploi du temps durant ces dix jours témoigne d’une routine exemplaire mais tellement agréable et reposante. Nous avons occupé la plupart de notre temps à ne rien faire. Bon au début, il faut bien l’avouer, c’est assez déroutant de ne rien faire. On se sent un peu inutile. En revanche, c’est impressionnant la vitesse à laquelle on s’habitue à ce nouveau statut. Nos journées étaient essentiellement rythmées par les pauses-repas que nous attendions avec impatience. C’était à chaque fois une occasion supplémentaire de ravir nos papilles avec des plats délicieux (le Pad Thaï traditionnel, les calamars et oignons fris que Pierre adore, les beignets de bananes, ou ma petite salade de fruit du matin).


Le reste du temps, nous l’occupions différemment selon notre humeur : à buller sur le matelas pneumatique au rythme des vagues, à lézarder sur la plage, à ériger des châteaux de sable, à bouquiner dans le hamac, à marcher le long de la plage, à discuter avec des amis, à photographier encore et encore les magnifiques couchés de soleil, à festoyer autour d’un feu, etc. car il n’y a pas beaucoup d’activités sur l’île.





Certains RESORT (entendez hôtels) proposent quelques activités/services : massages, tatouages, yoga, Chi Qong, kayak… Mais le manque d’occupations ne nous a pas trop dérangé. Si l’île avait été touristiquement développée nous aurions eu, sans en douter, une multitude de choix dans les activités. Mais puisque nous recherchions un endroit désert et paisible, nous ne nous sommes pas plaints de ce rythme tropical modéré. Toutefois, nous avons testé le massage de Mama Si (la grand-mère de notre hôtel). Pierre en est ressorti avec une telle expression de détente sur le visage que le lendemain, je me suis laissée aller dans ses mains prodigieuses. Malgré tout, le massage thaï n’est pas vraiment ce que je préfère. Basé sur des points, je le trouve plutôt douloureux et préfère le massage « californien ». Pour apprécier les vertus du massage thaï, cela nécessite plusieurs séances.



Au cours de notre séjour, nous avons fait de belles rencontres. Comme celle de Hihi, une jeune thaï de 8 ans que j’ai connu sur la plage. Quand elle a vu que je prenais des photos, elle m’a fait signe de venir vers elle, et pendant une demi-heure, on a joué aux top-models toutes les deux. C’était très drôle.



Sinon, la plupart du temps, nous avons côtoyé des français (facile direz-vous !). Mais nous avons également fait la connaissance d’un couple d’allemands très sympathiques (parlant un peu le français !!!) : Simone et Hanz. Ils viennent sur cette île depuis 4 ans, pour des périodes de deux mois. Ils connaissent très bien la Thaïlande qu’ils visitent depuis 15 ans, mais ils ont choisi de jeter leur dévolu sur ce petit bout de paradis pour les mêmes raisons qui nous ont poussé à rester autant de temps ici.





Il faut dire que peu de personnes connaissent cette île. Elle n’est mentionnée dans aucun guide français, et figure depuis peu dans les guides allemands. C’est la raison pour laquelle il y a une concentration assez importante de germanophones sur l’île (suisses, autrichiens, etc.). Au départ, on pensait avec pierre que le simple fait d’être allemand et/ou tatoué ouvrait droit à des réductions, car nous croisions uniquement des allemands tatoués !!! Mais visiblement non, puisqu’ il y a aussi pas mal de français. La fréquentation de l’île dépend essentiellement du bouche-à-oreille. Et chacun s’accorde à dire qu’il ne faut pas trop révéler l’existence de ce petit bout de paradis pour le conserver le plus longtemps possible de l’effroyable machination touristique qui risquerait de le dénaturer. Nous ne l’aurions d’ailleurs pas connu sans notre rencontre avec Oliver et Elianne, nos amis suisses.Beaucoup de personnes confondent d’ailleurs cette île avec son homonyme Ko Chang situé sur la côte Est de la Thaïlande, plus grande et plus célèbre.

L’îLE : Koh Chang
(qui signifie en thaï l’île de l’éléphant ; ko=île, chang=éléphant).

Koh Chang (la petite, comme on l’appelle ici) se situe quant à elle à l’Ouest de la Thaïlande, dans les eaux frontalières avec la Birmanie. On y accède depuis le petit port de plaisance de Ranong (Sapaan Plaa) par des taxi boats.
Elle est ouverte au public de mi-octobre à fin avril. Au moment de la hors saison, les résidents quittent l’île pour retourner dans leur habitation principale (soit sur le continent, à Ranong, soit sur l’île la plus proche : Koh Payam).
Les principales structures d’hébergement se situent sur la façade ouest de l’île, le long de la plage d’Aow Yai. Et les activités se concentrent essentiellement sur le littoral car l’intérieur de l’île est une immense jungle. Seul au milieu de cette forêt tropicale, un petit village dispose d’une supérette avec le nécessaire vital. On y accède grâce aux routes d’évacuation en cas de tsunami, construites après la catastrophe de 2006, dont l’île n’a d’ailleurs pas trop souffert. En effet, grâce à sa situation géographique la côte ouest a été relativement épargnée lors du passage de la vague. En revanche, l’arrière de l’île avec ses mangroves a quelque peu souffert du retour de vague. Mais une fois encore, les thaïs gardent leur sens de l’humour comme en témoigne ce bar baptisé « le tsunami bar » situé à quelques mètres de notre bungalow.
Enfin, une des raisons pour laquelle cette île est peu touristique réside sans aucun doute dans le fait qu’elle n’offre aucun intérêt pour les aficionados de la plongée sous-marine. Les fonds sont sablonneux et l’eau parfois un peu trouble. Pourtant quand on cherche bien, on peut tomber sur des drôles de poissons et autres crustacés aux couleurs étonnantes !!!




Malgré tout, nous avons choisi d’écourter notre séjour de quelques jours dans ce paradis tropical (et puis on commençait à s’ennuyer de ne rien faire… il faut bien l’avouer !). Avant de rejoindre Bangkok, nous avons envie de profiter encore des quelques jours dans ce pays et de poursuivre sur d’autres découvertes. On a donc choisi d’aller passer quelques jours le long de la rivière Kwaï, à Kanchanaburi (à 130km de la capitale).
Nous avons quitté ce midi notre petite maison et toute l’équipe du Longbeach avec qui nous commencions à sentir une véritable complicité. Ell, la gérante du resort, est vraiment adorable. Elle a beaucoup d’humour et nous avons bien ri avec elle. Les adieux furent chaleureux, non sans une petite pointe d’émotion !
Derrière nous, Koh Chang n’est plus qu’une silhouette dans l’horizon bleuté, mais tous les merveilleux moments passés là-bas défilent encore dans nos têtes.





Lien vers les photos de Pierre : ici et et encore

Lien vers les photos de Cécile :

4 Réponse à "ÎLE DES ELEPHANTS : latitude plaisir, longitude glandouille"

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Anonyme Says....

bonjour tous les deux

Que du bonheur!!! des images magnifiques des textes très intéressant des nouvelles rassurantes
nous constatons que pour vous tout va bien et on en est heureux.

gros bisous

à bientôt

lisbeth et JPierre

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Anonyme Says....

Je confirme : ne pas travailler et se laisser vivre est très bon pour la santé. Ravie que vous ayez rejoint mon mode de vie, hihi!

J'espère qu'on arrivera à faire un échange de hamac au cours de l'année.

Pierre, j'avais oublié à quel point tu avais de jolis yeux...

Bisou les aventuriers de l'Asie

Marionnette

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Anonyme Says....

aababadefieupersd bientot (effets secondaires indésirables)

cedric

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Anonyme Says....

salut vous deux, jvous envoi des ptites nouvelles de la mayenne après m'être remis a jour de votre aventure.. en effet, on a internet dans les yourte depuis aujourd'hui!!! victoire!!, en plus ça marche, bon a part le téléphone gratuit qui beug encore un peu.. en tout cas, j'ai été obligé de prendre un jour de rtt pour pouvoir lire le roman (finement écrit au demeurant) que vous nous laissez sur la toile, sans compter toutes ces sublimes photos qui nous font un peu oublier notre grisaille hivernale.. bonne continuation, gros bisous et à bientôt! yanek..